mercredi 30 septembre 2020

La fenêtre d'Overton

 La Fenêtre d’Overton est une théorie politique qui décrit avec une exactitude qui fait frémir comment l’on peut changer la perception de l’opinion publique pour que des idées qui auparavant étaient considérées comme insensées soient acceptées au fil du temps.

En principe aucun tabou n’échapperait à l’efficacité de cette technique. De sorte que l’on pourrait changer radicalement la valeur que la société donne actuellement à l’euthanasie, l’inceste, la zoophilie (ndt l’auteur emploie le mot bestialisme), la pédérastie ou le cannibalisme, pour ne donner que quelques exemples. Pour ce faire, on n’appliquerait pas directement un lavage de cerveau, mais une série de techniques avancées dont la société ne se rendrait pas compte du déploiement.
Pour montrer de quelle manière cette théorie explique comment atteindre les effets désirés, il convient de nous centrer sur un tabou concret. Par exemple le cannibalisme. Donc, comment serait-il possible de rendre acceptable l’ingestion de personnes ? Comment s’opère ce changement dans les consciences depuis la phase d’aversion jusqu’à la pleine conformité ? Nous allons le décrire dans la suite de ce texte en cinq étapes successives.


PREMÈRE ÉTAPE: DE L’IMPENSABLE AU RADICAL
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À ce premier stade, l’approbation du cannibalisme est encore quelque chose d’impensable. La pratique qui consiste à manger la chair de sa propre espèce se trouve au niveau le plus bas de l’acceptation de la fenêtre de possibilités d’Overton (une fenêtre très étroite encore, pour ne dire fermée à double tour), étant donnée que la société considère cette action comme répugnante et étrangère à la morale publique. C'est-à-dire que pour le moment la fenêtre est fermée.

Pour modifier cette appréciation, - et en s’abritant sous la liberté d’expression -, on transposera cette question à la sphère scientifique, en suggérant que pour les scientifiques il ne devrait exister de sujets tabous. Dans ce cas, on pourrait organiser un symposium ethnologique sur les rituels exotiques des cultures ancestrales, pour obtenir des déclarations autorisées sur des coutumes cannibales, en forçant ainsi la transition depuis l’attitude négative et intransigeante d’origine de la société à une attitude plus positive et ouverte.

En même temps, on créera un groupe radical de cannibales afin d’être remarqué et mentionné par de nombreux médias. Avec cela on aura déjà atteint l’objectif de la première phase: le tabou est éliminé puisque l’on commence à discuter de la question à l’origine inacceptable.


SECONDE ÉTAPE: DU RADICAL À L’ACCEPTABLE
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Dans cette seconde étape, on recherche déjà ouvertement l’approbation du cannibalisme. Pour qu’il puisse être accepté il faut continuer à faire connaître les conclusions des « scientifiques » et insister sur la pertinence de ne pas avoir de préjugés sur le sujet en traitant d’intransigeants ceux qui ne veulent pas acquérir un savoir sur le sujet traité.
Ceux qui résistent doivent commencer à être vus comme des fanatiques qui s’opposent à la science et à l’esprit des Lumières. Alors que les intolérants sont condamnés publiquement, il faut créer un euphémisme dans le but de faire perdre la signification trop directe du terme d’origine et ses connotations négatives, en remplaçant l’expression cannibalisme par anthropophagie, d’abord, puis par finalement, anthropophilie.

En parallèle, on créera un précédent, historique, mythologique, ou inventé, qui servira de référence et pourra être utilisé comme preuve que l’anthropophilie est parfaitement légitime.
L’utilisation combiné des médias et de groupes de pressions transformera en acceptable, plus vite qu'on ne l’aurait cru, le fait qu’il y ait des personnes qui incluent dans leur menu quotidien de la chair (ndt en espagnol le mot peut être le même pour viande et chair !) de sa propre espèce. Ce qui au début était complètement inacceptable. La sentence appropriée pourra être la suivante : «un homme libre a le droit de décider ce qu’il mange».


TROISIÈME ÉTAPE: DE L’ACCEPTABLE AU RAISONNABLE
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Pour transformer en raisonnable ce qui, en principe est totalement inacceptable, la suite ce sera de proposer que l’ingestion de chair humaine soit un droit de tout homme libre.
Simultanément il s'en suivra qu’il deviendra absolument nécessaire de marginaliser ceux qui pensent différemment, c’est à dire, tant qu’ils contestent la consolidation de ce prétendu droit. De sorte que l’on traitera de radicales ces personnes qui haïssent l’anthrophilie, on les traitera de réactionnaires qui jetteraient au bûcher s’ils le pouvaient, non seulement les cannibales, mais aussi les membres de n’importe quelle minorité.
Comme nous vous en avions avertis, le but de cette troisième étape est que le cannibalisme soit considéré comme une coutume raisonnable.


QUATRIÈME ÉTAPE: DU RAISONNABLE AU POPULAIRE
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Ensuite, on doit mettre toute la machine du pouvoir au service de l’idéal suprême. À cet instant les médias secondés par les gens célèbres et les autorités parlent ouvertement de l’anthrophilie . Le cannibalisme est désormais devenu un sujet de prédilection de l’industrie du divertissement. Le phénomène pointe pour la première fois son nez dans les films, les textes des chansons commerciales, des romans et des spectacles télévisuels. Aussitôt se produit l’apologie des personnages en vue qui dans l’histoire ont pratiqué l’anthropophilie, en servant de modèle aux masses.
Le phénomène devient rapidement incontrôlable et collectif. En outre, pour renforcer son image positive, les cannibales sont présentés devant l’opinion publique comme des victimes de la société répressive, une société qui les empêche de satisfaire leurs appétits et de manger ce que leur corps leur demande. L’idéal est déjà à portée de main.


CINQUIÈME ÉTAPE: DU POPULAIRE AU POLITIQUE
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Dans sa dernière étape, la fenêtre des possibilités d’Overton, totalement fermée au début, est désormais à quelques centimètres de l’ouverture de part en part. L’accélération brutale et définitive consiste à prépare la législation pour légaliser le phénomène. Les partisans de la légalisation du cannibalisme, incorporés à des groupes de pression, se consolident dans le pouvoir et créent des enquêtes afin de montrer un haut pourcentage de partisans de la légalisation du phénomène. Et de façon automatique, comme le fruit mûr qui tombe de lui-même de l’arbre, ils finissent pas établir dans la conscience collective de nouveaux dogmes incontestables : «Est interdite l’interdiction de manger des personnes»; «manger des personnes est un droit» ; «qui s’oppose à l’anthropophilie encourt un délit d’anthropophobie »…

Comme nous le voyons, le mouvement des fenêtres est une stratégie parfaitement définie. Nous avons vu l’arc complet qui va du rejet absolu du cannibalisme (comme un usage totalement étranger à la morale publique) à sa légalisation et son approbation populaire et politique.

Nous disions au départ que la Fenêtre d’Overton est une théorique politique qui décrit avec une épouvantable exactitude comment l’on peut changer la perception de l’opinion publique pour que des idées auparavant considérées comme insensées soient acceptées au fil du temps. Et nous avons décrit comment cela est possible. En effet le mouvement des fenêtres, - qui, comme il apparaît évident, est extrapolable à tout phénomène, non seulement a été expérimenté avec succès dans le passé, mais continue à être appliqué avec succès dans le présent…

Postscriptum: qu'on pense, au minimum, que parmi les très graves conséquences qu’entraîne avec elle cette diabolique stratégie de manipulation avancée des masses, il y a celle de provoquer une fracture sociale pratiquement irrécupérable. Son corollaire le plus nuisible, étant, cependant, la dégradation de la société moyennant l’exaltation des aberrations en tout genre, qui finissent, comme nous l’avons vu, par être assumées et même être considérées comme naturelles.

Luis Segura

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